top of page

Cours d'aspects cliniques de la prise en charge de l'enfant à la personne vieillissante 

Travail sur l'anorexie : 

 

L’anorexie est un thème qui me touche personnellement et que j’ai envie de développer pour le travail de ce cours.

Pour être diagnostiqué avec une « anorexie mentale », il faut avoir des symptômes bien précis car beaucoup de jeunes filles (car c’est un trouble qui touche plus particulièrement le sexe féminin) passent par des périodes de jeûnes ou de restrictions qui ne sont pas sur le long terme donc qu’on ne considère pas complètement comme « des anorexies ».

Comme dit le Dr Nicolas Evrard, « Il n'y a pas une cause, mais des causes d'anorexie mentale. On parle de maladie psychiatrique multifactorielle. Les raisons invoquées de l'apparition de la maladie sont sociales, psychologiques, familiales, génétiques et neurobiologiques. ».

Nous pensons souvent que cette maladie ne touche que les jeunes filles en souffrance, mais elle peut aussi se développer à l’âge adulte et certains hommes peuvent aussi en souffrir.

Hormis le caractère génétique que peut avoir cette maladie, les traits de caractère de la personne peuvent aussi annoncer une anorexie mentale. Attention, cela reste des symptômes très légers qui ne conduisent pas obligatoirement l’individu à être atteint d’anorexie.

Mais grâce à des observations faites par certaines études, les chercheurs ont montré que les personnes ayant cette souffrance avaient les traits de caractère suivants :

-       La volonté de tout maîtriser

-       Le perfectionnisme

-       L’anxiété

-       L’intolérance à l’échec

Les patientes qui souffrent d’anorexie mentale vont avoir trois « solutions » pour être toujours plus minces, soit elles vont faire une restriction totale de nourriture, soit après avoir mangé elles iront se faire vomir ou prendre des laxatifs, soit elles iront faire du sport intense pour enlever toutes les calories ingurgitées.

 

 

 

 

Les symptômes ?

Voici les symptômes qui peuvent nous mettre sur la piste d’un trouble d’anorexie mentale :

-       La façon de s’alimenter à restriction, refus de manger, périodes de boulimie, vomissements provoqués, prise de laxatifs, …

-       Parfois au contraire, on remarque que la personne fait un excès de sport intensif pour éliminer le peu d’aliments qu’elle aura mangés avant.

-       Le poids est inférieur à la norme d’IMC (inférieur à 17, 5 et danger si inférieur à 14). Attention, l’IMC n’est valable que pour les adultes.

-       La mauvaise perception de soi à se voir toujours grosse, de plus en plus, impression du corps déformé, …

-       L’absence de règles depuis au moins 3 mois dûe à un refus de manger ou un amaigrissement sévère et rapide.

-       Impossible de se voir comme une femme adulte avec des formes sexualisées

-       Le contrôle obsessionnel (perfectionnisme)

-      Conflits familiaux (surtout pendant les moments de repas)

-      Un manque ou une perte d’énergie

-      L’isolement face à l’entourage

-      Recherche de chaleur (pilosité excessive à « lanugo »)

-      Des changements d’humeur

-       Il peut aussi y avoir dans des cas plus graves de l’automutilation et des idées suicidaires.

On peut observer deux « types » d’anorexie, l’anorexie restrictive où l’individu ne va plus manger pour maigrir et l’anorexie-boulimie où la personne va avoir des périodes de boulimie.

« La boulimie fait partie des troubles du comportement alimentaire (TCA), comme l’anorexie mentale ou l’hyperphagie. Elle se manifeste par des crises de boulimie qui consistent en une pulsion compulsive et irrésistible de manger. S’en suit généralement un sentiment de très forte culpabilité et de dégoût de soi. »[1]

Dû à ce sentiment de culpabilité, la personne souffrant de boulimie aura aussi tendance à se faire vomir ou à prendre des laxatifs.

 

Différentes phases de l’anorexie : 

Phase 1 :

Cette période peut se dérouler entre 3 et 6 mois.

Lors de la première phase, la personne va souffrir d’aménorrhée (perte des menstruations).

L’individu qui souffre d’anorexie ne va plus s’alimenter correctement et va avoir un sentiment de puissance et de contrôle car elle pourra gérer son alimentation pour pouvoir maigrir de plus en plus. Elle se mettra sans le savoir dans une bulle sans fin pour maigrir et ne va absolument pas prendre en compte les réactions et les alertes de son entourage.

Cette phase se termine souvent lors du premier rendez-vous médical (que la personne sera le plus souvent forcée d’accepter).

 

Phase 2 :

Cette phase peut durer de quelques semaines à des années. Dans cette période-là, la personne aura atteint son poids minimal et sera souvent amené de force dans un hôpital car son état sera plus inquiétant.

Dans cet hôpital, la personne aura toujours l’impression d’avoir le contrôle sur son alimentation car elle ne se rendra pas encore compte de son état de santé. Pour elle, elle aura juste des petits problèmes de santé qui ne sont pas dangereux et ne prendra donc pas en compte les interventions du nutritionniste par exemple.

Souvent, seuls les médecins et les infirmières arriveront à lier une relation de confiance avec la patiente.

A la fin de cette phase, la personne vivra une remise en question et se mettra en colère car elle voudra avoir le contrôle plus de ce qui se passe en elle que de son refus de s’alimenter.

 

Phase 3 :

Lors de cette phase, la personne va commencer à reprendre du poids, le vivra souvent mal car elle pensera perdre tout contrôle sur elle-même.

C’est à ce moment-là qu’il faut privilégier un suivi en counseling et en orientation pour pouvoir aider la patiente dans sa souffrance psychologique de voir son corps changer.

On peut observer 3 comportements chez les patientes qui sont dans cette phase-ci :

1)    Elles doivent se réhabituer et accepter la réapparition des formes féminines.

2)   Elles résistent souvent à la prise de poids.

3)   Elles reprennent des laxatifs ou utilisent des méthodes pour se faire vomir. 

 

Phase 4 :

Cette phase annonce souvent la fin de la maladie.

Il faudra néanmoins garder un suivi en counseling et en orientation car les personnes qui sortent de l’anorexie auront du mal à faire des choix en fonction de leurs capacités car elles ne se connaissent pas vraiment vu qu’elles se voient complètement différemment.

 

Relation familiale ?

 

Par rapport à la relation avec la famille, la personne souffrant d’anorexie ne communiquera pas ses problèmes avec sa famille car elle ne se voit pas comme « malade ».  

La famille voyant son enfant perdre du poids et se renfermer parfois sur elle-même n’engagera souvent pas la discussion et préfèrera fermer les yeux.

C’est alors que les médecins peuvent intervenir et proposer plus tard une thérapie familiale pour aider à communiquer pour pouvoir sortir leur fille de cette maladie.

 

Rôle de l’orthopédagogue ?

L’orthopédagogue devra absolument travailler sur l’estime de soi de la personne, sur ses qualités, ce qu’elle aime, pour lui redonner goût à des activités autres que pour perdre encore du poids.

Il pourra aussi plus tard travailler au sein de l’environnement de la personne comme sa famille pour pouvoir créer un espace de parole si le lien familial est brisé. Cependant, le professionnel ne doit pas directement entrer dans sa sphère privée ce qui pourrait brusquer le bénéficiaire. De plus, si l’orthopédagogue se rend compte qu’il a besoin d’aide supplémentaire, il peut demander le suivi d’un psychologue ou d’un coach sportif pour apprendre à la personne à faire du « bon » sport.

Il sera aussi important que l’orthopédagogue se renseigne sur cette maladie pour pouvoir analyser dans quelle phase est la personne. Si elle se trouve dans la phase 1 et 2, elle aura tendance à refuser toute aide car elle ne sera pas en mesure de reconnaître la maladie. Il faudra alors y aller en douceur et privilégier des activités sur ce qu’elle aime faire, des choses concrètes plutôt qu’un travail sur elle-même qui sera encore trop personnel et trop abstrait.

La personne devra aussi être aidée au niveau scolaire car nous savons que les personnes souffrant d’anorexie mentale sont anxieuses et à cheval sur la discipline ainsi que sur le travail excellent. À ce moment-là, l’orthopédagogue pourra aider la personne à calmer cette anxiété et l’aider à rattraper son retard en analysant ses premiers besoins (lui montrer qu’elle n’a pas perdu ses connaissances acquises, qu’elle est encore apte à apprendre, qu’elle pourra reprendre l’école bientôt, …)

Lorsque la personne est en phase 3, elle pourra se construire une identité propre et saine mais elle aura besoin d’un suivi spécifique pour pouvoir reprendre confiance en soi. L’orthopédagogue pourra alors travailler avec la personne sur son estime de soi, sur son identité et surtout sur les comportements de la maladie car elle sera ouverte à la discussion.

Lien personnel : 

Lorsque j’avais 14-15 ans, j’ai commencé à me rendre compte que mon corps ne me plaisait pas, que je voulais être le plus mince possible, que je ne voulais voir aucun trait de gras.

J’ai commencé à faire du sport en haut niveau (athlétisme), j’avais des entraînements 4 fois sur la semaine et je me suis rendue compte que grâce à ça, mon corps ne bougeait plus ou mieux encore, il maigrissait, je pouvais manger autant de crasses que je voulais, j’allais de toute façon tout perdre lors de mes entraînements.

Lors de ma 1ère année d’institutrice primaire, j’ai dû arrêter mon sport à cause des horaires. Mais j’ai continué à manger les crasses que j’empiffrais auparavant et c’est à ce moment-là que j’ai remarqué et compris que mon corps commençait à grossir ; gros moment de panique et « d’incontrôle » sur moi-même.

Je me suis donc forcée à ne plus manger aucun aliment gras ou qui me semblait de trop pour mon corps. Je me cachais avec des gros pulls, je détestais mon corps.

À chaque fois que je mangeais quelque chose que je m’étais interdit, je sentais mon cœur s’accéléré et je me pinçais très fort le ventre comme pour me faire subir ce que je venais de manger.

Je n’ai jamais été jusqu’aux vomissements car je n’osais pas.

Heureusement pour moi, quelques temps après, j’ai connu une personne qui a pu m’aider sans le savoir à me sentir « belle » mais surtout « pas grosse ». J’ai donc recommencé petit à petit à manger normalement.

J’ai encore aujourd’hui des moments de « rechute » lorsque je mange des aliments que je m’étais dit que je n’allais « pas craquer », j’ai mes tics de me serrer fort le ventre quand j’ai trop mangé.

Alors je ne sais pas si je suis passée dans la 1ère phase de cette maladie et je ne veux pas le savoir mais néanmoins, pendant cette période-là, je sais que je détestais mon corps.

 

 

Bibliographie :

-       Guimond, S. (s.d). L’ANOREXIE : les différents stades d’évolution de la maladie et le rôle des conseillers d’orientation – Première partie, deuxième partie et troisième partie. http://www.psycho-experts.com/sujets-actualite/anorexie/anorexie_partie2

-       Evrard, N. (2017). L’anorexie mentale. https://www.onmeda.fr/maladies/anorexie.html

-         Inconnu. (2013). Anorexie et hyperactivité, un lien systématique confirmé. https://www.inserm.fr/actualites-et-evenements/actualites/anorexie-et-hyperactivite-lien-systematique-confirme

-         Dr Godart, N. (2014). Anorexie mentale. Un trouble essentiellement féminin, parfois mortel. https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/anorexie-mentale

-         Communiqué – salle de presse INSERM, (2016). L’anorexie : plaisir de maigrir plutôt que peur de grossir. https://presse.inserm.fr/lanorexie-plaisir-de-maigrir-plutot-que-peur-de-grossir/24166/

-         Lestroublesamimentaires, (2009). III. L’anorexie. http://lestroublesalimentaires.unblog.fr/anorexie/

 

 

[1]Guilhem, D. (2015). Boulimie : définition, causes, conséquences, de quoi s'agit-il ?. https://www.maxisciences.com/boulimie/boulimie-definition-causes-consequences-de-quoi-s-agit-il_art36225.html

 

bottom of page