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Cours de déficience motrice (approfondissement)

Visite à Solidaritas

 

Ce centre a fêté ses 50 ans il y a maintenant 2 ans.  

Au début, il a été créé par une neuropédiatre pour les enfants qui n’avaient pas de place à l’école.

Aujourd’hui, la population accueillie dans le centre a beaucoup changé. En effet, grâce aux progrès de la médecine, les personnes porteuses de handicap ont une espérance de vie beaucoup plus longue.

Les types de handicap auxquels le centre est confronté a donc également évolué.

 

Il y a plusieurs années, les atteintes motrices étaient moindres car les enfants porteurs de certains handicaps n’étaient pas viables alors qu’aujourd’hui la médecine a évolué et de nouveaux progrès permettent de mieux gérer les différents handicaps. Les atteintes physiques sont donc parfois beaucoup plus lourdes et requièrent un équipement et des aménagements spécifiques.   

 

Les enfants qui viennent dans ce centre sont pour la plupart des jeunes polyhandicapés. Ils ont un handicap sévère à profond souvent accompagné d’un handicap physique, sensoriel, ...

 

Un nouveau centre a été greffé à Solidaritas : le Centre de Rééducation de l’Enfance à Bruxelles, à Woluwé (l’oiseau bleu – l’éveil).

Une question qui se pose alors est « centre de rééducation » ou « centre d’éducation », ce questionnement est légitime puisque la plupart des enfants qui sont dans ces centres sont nés polyhandicapés. Il s’agirait alors peut-être plus d’éducation.

 

Solidaritas a une nouvelle direction depuis 2014. Les enfants accueillis dans ce centre ont entre 8 mois et 21 ans. Une fois qu’un jeune atteint 21 ans, il devra aller dans un centre pour adulte. Le personnel de Solidaritas essaie déjà de faire réfléchir les parents quant à l’avenir de leur enfant.

 

Le centre compte 40 membres du personnel pour 36 enfants accueillis ! En centre pour adulte le nombre de professionnels diminue par rapport au nombre d’enfants.

 

A Solidaritas, les enfants sont répartis en 6 groupes de 6. Les équipes sont faites de manière homogène par rapport à l’âge développemental dans le but d’essayer d’amener les enfants vers les apprentissages qui leur sont/seraient accessibles. Mais, il n’y a jamais une réelle homogénéité car les profils des enfants sont tout à fait différents (taille, caractères, types de handicap, ...).

 

Quand une place se libère dans leur centre (décès, déménagement, …), l’équipe regarde d’abord s’ils ne peuvent pas déplacer un de leur enfant dans ce groupe-là car il aura sûrement évolué. Ensuite, ils pourront accueillir un nouveau bénéficiaire en prenant rendez-vous avec les parents pour trouver l’enfant qui aura le plus sa place dans le nouveau groupe.

 

Chaque groupe est accompagné par 2 éducateurs qui sont présents en continu. Ils partagent le quotidien de leur groupe.

Il y a également toute une équipe paramédicale qui les accompagne. Il y a donc un kinésithérapeute, un ergothérapeute, une psychomotricienne et une logopède par groupe.

 

Marie, qui nous a accueillie, est orthopédagogue. Elle a fait un master en psychologie. On pourrait donc également dire qu’elle est une psychopédagogue.

 

En plus de l’équipe paramédicale, il y a également la direction, l’assistance sociale, l’infirmière, la psychologue, le chef de groupe, ...

Les temps de travail varient en fonction des enfants accueillis et de leurs besoins.

 

Marie est multi taches, elle est rattachée à la direction, travaille à certains moments comme psychologue,  est parfois aussi au secrétariat et fait venir les familles pour avoir des échanges avec elles.

Elle porte également la casquette de psychologue puisqu’elle s’occupe aussi des projets individualisés d’apprentissage pour chaque enfant et organise des rencontres avec les parents pour discuter autour du projet auquel l’équipe a pensé.

 

En fin d’année une rencontre « diapositive » est organisée. Lors de celle-ci, l’équipe professionnelle va chercher à souligner le vécu positif qu’a eu l’enfant tout au long de l’année. Les professionnels vont par exemple insister sur les moments où l’enfant a été attentif, où il est resté éveillé, où il a progressé, ... L’équipe va mettre l’accent sur toutes les choses positives, même celles qui semblent très infimes, car cela représente des vrais objectifs pour les enfants.

 

Solidaritas est un centre de jour qui peut accueillir les enfants entre 7h30 et 17h30. Les activités commencent à 9 heures. De 11h à 11h30 il y a un temps plus creux pour les enfants. Ensuite il y a le repas jusqu’à 12h30. Celui-ci se donne avec tout le personnel. C’est un moment lors duquel chaque professionnel peut profiter pour travailler des compétences spécifiques chez les enfants, comme par exemple la prise de la cuillère ou la déglutition.

Après le repas de midi, les enfants font une sieste. Mais l’équipe pluridisciplinaire est en train de se demander si, pour certains, ce ne serait pas mieux de leur proposer plutôt une petite activité calme.

Le lever de la sieste se fait vers 13h30 et il faut ensuite emmener les enfants aux toilettes, ce qui prend beaucoup de temps.

Dans certains groupes, une petite activité est encore possible avant le gouter (15h).

Vers 15h30, les enfants sont préparés pour partir à 15h45 avec le bus.

 

Une fois la journée terminée, un système de bus est organisé pour ramener les enfants près de chez eux. Il y a également certains parents qui viennent chercher eux-mêmes leur enfant.

Dans le bus il y a toujours un convoyeur (éducateur ou personnel paramédical) qui accompagne le conducteur.

 

 

Les professionnels sont attentifs à tenir compte des enfants et de leur rythme. Ils tiennent compte de la concentration des enfants, de leur intérêt pour l’activité en cours et s’adaptent en fonction. C’est pour cela que le fonctionnement est variable d’un groupe à l’autre.

Solidaritas est ouvert toute l’année, même durant les congés scolaires. Le centre est uniquement fermé durant les jours fériés légaux.

 

Dans le centre, il y a des locaux individuels, des locaux de groupes, un espace snoezelen, une salle de psychomotricité, une salle de bain aménagée, une cuisine, ...

 

Les activités organisées sont très variées. L’équipe propose par exemple de la cuisine. Lors de cette activité, l’enfant est présent. Il sent les odeurs, il goute les ingrédients, il ressent les vibrations du batteur, ... Il est important de porter l’attention sur la façon dont l’enfant est présent dans l’activité plutôt que sur ce qu’il a fait.

 

Pour la plupart des enfants, il n’y a pas de communication verbale. Le personnel doit alors utiliser d’autres moyens de communication, comme par exemple :  

Þ   Le regard (mimiques, ...)

Þ   Le langage (corporel, tactile, gestuel, ...) en posant des questions fermées auxquelles l’enfant répond juste avec « oui » ou « non ».

Þ   Un carnet de pictogramme, une tablette de communication, ... 

Þ   PECS

Þ   TEACCH

Þ   ABA

Þ   L’eyetracker, qui utilise le regard de l’enfant pour fixer des objets

Þ   Une équipe du SUSA vient parfois

 

En fait, l’équipe s’inspire de plusieurs techniques différentes et fait attention à trouver l’intérêt de l’enfant en utilisant des objets qui l’intéressent, par exemple.

 

 

La psychologie du centre est « tout le monde fait tout ». Cela signifie que tous les membres de l’équipe se partagent toutes les tâches (donner le repas, les changes, ...). Au sein de l’équipe il y a vraiment un fonctionnement transdisciplinaire.

 

Par rapport à la relation entre la famille et le centre, il y a un carnet de communication qui passe entre l’école et la maison. Ce livret est, normalement, rempli tous les jours. Pour chaque journée, un tableau reprenant les fonctions de base est complété. Cela permet à la famille de savoir précisément si l’enfant est allé aux toilettes durant la journée, s’il a fait une crise d’épilepsie, s’il a bien mangé, ... Il y a également dans le carnet une place pour que l’équipe puisse expliquer les activités faites le matin et l’après-midi.

Lorsque l’enfant est à la maison, c’est aux parents de remplir ce carnet, de manière à ce que l’équipe du centre soit, elle aussi, au courant de ce que fait l’enfant lorsqu’il n’est pas au centre.

 

L’importance de ce livret varie selon les enfants car certains groupes prennent plus de temps pour le remplir, parfois les parents ne le regardent pas ou ne le comprennent pas (certains d’entre eux ne parlent pas français) ...

Pour faciliter la compréhension du carnet, le tableau a été adapté avec des icônes.

 

En interne il y a aussi beaucoup de carnets de communication entre les professionnels, comme par exemple le semainier qui récapitule les informations médicales, le carnet de la personne responsable des trajets en bus, tout cela permet un suivi dans l’organisation.

 

En ce qui concerne l’organisation pratique, les langes sont fournis par les parents alors que d’autres choses sont fournies par le centre, comme les repas par exemple.  

 

Les parents ne doivent payer « que » 5 euros par jour ; ce qui comprend les repas, les transports en bus ainsi que les activités au centre.

Le prix est réduit car ce service est subventionné par la COCOF. Néanmoins, si les parents n’arrivent tout de même pas à payer, le prix peut varier en fonction de leurs revenus.

 

Une fois que les enfants atteignent 18 ans et que les parents souhaitent les inscrire dans un centre pour adultes, beaucoup de choses se compliquent :

o   Il y a un manque de place dans ce que les parents souhaitent (avant, les parents demandaient surtout des places en hébergement alors qu’aujourd’hui ils sont de plus en plus nombreux à préférer inscrire leur enfant en centre de jour).

o   Culturellement parlant, il y a parfois une pression au niveau de la famille.

o   En centre pour adultes, le personnel est réduit par rapport au nombre de bénéficiaires. Le personnel a donc moins de temps pour « laisser le temps ». Certains apprentissages, comme l’autonomie par exemple, ne peuvent alors plus être prolongés, ce qui est fort dommage.

o   Le relais n’est pas toujours facile. Quand c’est possible, ils essaient de mettre en place des aménagements pour faciliter le changement pour l’enfant mais ce n’est pas toujours simple (changement de régions, de langue, ...). Cependant, ils essaient toujours de s’arranger !

 

Afin de faciliter au mieux le transfert de l’enfant, un rapport de sortie est rédigé par l’équipe du centre Solidaritas. Ce dossier décrit le plus précisément possible l’enfant, ses comportements, ce qu’il aime, ... C’est un portrait de l’enfant avec toutes ses spécificités.

 

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